Dans cette série, Valérie Belin s’attache à nous montrer des lieux investis par des objets et habités par l’obsession de la « collection ». Les photographies ont, en effet, été réalisées dans des intérieurs où la prolifération des objets apparaît sans limite. On observe des accumulations d’objets homogènes au fort pouvoir d’évocation, dressant, en creux, le portrait de l’habitant des lieux.  Ces « scènes d’intérieurs » nous font rentrer dans l’intimité de celui qui les orchestre, submergeant leur espace par un déluge d’objets où se dissout, au fil de leur accumulation, toute logique esthétique ou fonctionnelle. Mais, l’expressivité de l’image ne tient pas seulement à la répétition obsessionnelle d’un thème, car l’artiste utilise des artefacts qui accentuent le potentiel mortifère des « collections ». Ainsi, l’utilisation de la solarisation des images, qui inverse les sources de lumière en aplats noir, nous situe dans une réalité modifiée, sans connexions à un extérieur.