Les prestidigitateurs, photographiés par Valérie Belin, démontrent une dextérité évidente dans la manipulation des cartes, mais aucune illusion ne se produit sous nos yeux si ce n’est le caractère cinématique que l’artiste confère à ces scènes de genre ; la magie de l’image ne révèle donc pas du tour mais plutôt de la manière. Cet aspect, typique du style dans lequel les films sont faits, tient à l’enregistrement du mouvement – performance du magicien, dans la photographie, mais aussi à la lumière. Évoquant à la fois l’anachronisme du style des studios Harcourt et les effets de lumière dynamique du « cinematic computing », destinés à créer le réalisme des scènes de jeux-vidéos, celle-ci vient dématérialiser l’acteur qui se fond, en quelque sorte, dans la dynamique de son geste. Sa posture, par ailleurs, détachée de l’action en train de se produire, génère une dichotomie dans la photographie, entre fixité et mouvement, et, par extension, entre obsession et action, mélancolie et pouvoir.