La Galerie Nathalie Obadia est heureuse d’exposer la nouvelle série de Valérie Belin intitulée Lady Stardust. Cette présentation fait écho à la rétrospective dédiée à l’artiste au musée des Beaux-Arts de Bordeaux et organisée en partenariat avec la galerie.

 

Cette nouvelle série de photographies portant des noms d’étoiles (Electra, Véga, Léda, Stella et Galatée…) comprend huit portraits dont cinq sont présentés ici. Il s’agit de portraits d’une même jeune femme, mannequin professionnelle, vêtue de manière différente, photographiée en studio sur un simple papier de fond. Chaque photographie se distingue d’une autre par la pose et les accessoires soigneusement choisis : simples robes de tissu présentant différents motifs géométriques de couleurs variées et chaussures de styles différents. Les photographies ont été réalisées dans l’esprit d’une première de couverture de magazine ou d’une affiche, suggérant que la personne représentée pourrait être une icône de la mode ou une star, posant à la manière d’une spider-woman. Le titre de la série suggère aussi qu’il pourrait s’agir d’une héroïne pop et glamour, venant d’une autre planète.

 

Dans la continuité des précédentes séries réalisées depuis 2015 (Super Models, All Star, China Girls, Modern Royals et Heroes), le décor utilisé comme ‘‘toile de fond’’ pour chacune des images est constitué de plusieurs éléments ajoutés a posteriori : planches de comics des années 50-60 peuplées de super-héros (évoquant l’univers du crime, de l’horreur, de la romance et des sentiments), tissus photographiés en studio dont les motifs s’accordent à ceux des robes de la jeune femme, intérieurs de garages automobiles photographiés à Los Angeles en 2014. Ce décor ‘‘minéral’’, composé de matériaux, caractérisé par une absence totale de nature, évoque un monde fantastique et urbain. L’association de ce décor au personnage représenté au sein d’une même image apparaît comme ‘‘une sorte d’accouplement du corps vivant au monde inorganique’’, comme l’a écrit Walter Benjamin à propos de la mode dans Paris capitale du XXe siècle.

 

On pourrait aussi dire que ces photographies se présentent comme la manifestation d’une phantasmagorie, cette attraction en vogue au tournant des Lumières où l’on faisait apparaître dans une salle obscure ‘‘des figures imaginaires’’ – attraction qui a marqué une nouvelle évolution dans la notion de tableau. À travers des images saturées de signes visuels pour les plus récentes, Valérie Belin joue sur les codes de la représentation et trouble les frontières entre réalité et imaginaire. Elle accompagne ainsi les mutations technologiques et ontologiques de la photographie, de l’analogique au numérique, tout en s’inscrivant dans la tradition des avant-gardes de l’entre-deux-guerres en s’appropriant des techniques de surimpression ou de solarisation. Son passage à la couleur, à partir de 2006, apporte à ses photographies une dimension plus picturale et parfois un aspect de ‘‘collages’’ pleinement assumé. Valérie Belin brouille ainsi les pistes entre réel et virtuel, nature et artifice, objets inanimés et êtres vivants, présence et absence, hyperréalisme et métaphore.