Miroir à mémoire et instrument de représentation sociale, le portrait a toujours été lié à la photographie. Face à la société de contrôle et aux médias qui prévalent depuis cinquante ans, les artistes ont réinventé ce genre avec une verve critique sans précédent. Les photographes et les vidéastes détournent les clichés et montrent qu’ils ne reflètent pas la réalité, mais façonnent discrètement ses canons et ses valeurs. Les œuvres interrogent la construction publique de l’identité individuelle à travers l’image, suggèrent la représentation de l’être humain à l’ère des réseaux sociaux et de la reconnaissance faciale.

 

Dans le portrait contemporain, le visage devient un prisme singulier et complexe qui fuit une interprétation sans équivoque. Confronter ou détourner, cacher ou exposer, déformer, travestir, effacer, rejeter … des gestes qui, à travers la relation créative entre le sujet et son image, défient l’attente d’une vision manifeste de l’individu. Ce «visage», que l’on retrouve dans la série Mannequins (2003) de Valérie Belin, partagé par les vingt-six artistes réunis au Centre Pompidou Málaga, devient un espace de liberté entre soi et l’autre, ou le soi comme un autre.